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LA DINDE DE NOÊL 2010

Plongée dans l’incessant retour de Noël, la creusoise en avait oublié que la dinde peut parfois avoir des allures de poule emplumée d’un ramage de bécasse, se dandinant sportivement sous ses airs innocents.
La dinde de noël 2010 avait pointé son nez avant l’heure de naissance du petit gars dont tous les chrétiens parlent… et alors ?

Et alors, voici l’histoire d’une dinde pas comme les autres, la dinde de Noël 2010…

Gros ergots enchaussés, de loin, elle est arrivée, tremolos dans le gloussement, quelques mois avant le jour.
La dinde.
Sans aucun doute savoureuse, se frottant les ailes au simple souhait de gaver l’assemblée familiale avant 2011.

Volatile de compagnie ?
La creusoise n’avait pas vu plus loin que le bout de ses free-lances et ne se préoccupait guère du repas de la nativité, voguant vers une autre lumière.
Donc.
Les jours passaient et la dinde, regonflée d’assurance serait cette année la plus belle , et serait servie sur la table , coute que coute faisant ainsi , accompagnée de son marron , la plus grosse farce de cette fin d’année ! elle frapperait, par une indigestion de lamentations, les convives de la table.
Farceuse, joueuse, la dinde, revêtue de son ramage d’hiver, s’étoffait de « ah en ooohhh », s’engraissant de flatteries en courses contre la montre, le temps passe si vite.

Noël approchait… la dinde aussi.
Quelques marrons avec.

Le marron, sans qui la dinde ne pourrait être le festin qu’on attend d’elle !
Son chant se faisait plus fort, sacrifice attendu, mais pas celui qu’on croit…
Croire.
Toute une histoire, croire.
Croire que le repas de Noël ne peut être réussi que si la dinde, bien bourrée, arbore ses pattes en l’air au beau milieu des prières évangéliques.
Bon.
Jacasse comme une oie, mais moins blanche, la dinde rependait alors la bonne parole à ses disciples les marrons : le tour est simple, être la reine, gagner le cœur des anges, à droite du père, et devenir l’incontournable mets en l’honneur d’un bonheur simple : remplir, encore et encore, vide, sous vide, moins vide, mais remplir pour expédier tout autre volatile capable, en un tour de plumes, d’être à l’honneur…
Et dans la basse cour, les plumes agitées agitaient empressement autour du roi !
De dinde en pigeonnes, de pigeonnes en poules, pourtant, force fut de comprendre que la dinde de Noël 2010 sortirait vainqueur de la compétition…
Combat de plumes, en gloussements incessants, musclée, la dinde mit Kao, pattes à l’envers, toutes ses rivales.

Noël fut là… la dinde aussi, marron au garde à vous !
Tous cantiques ou prières n’auraient pu changer le cours de l’histoire…
La creusoise, admirative d’un tel jeu de séduction, fit honneur à un tel déshonneur !
La dinde avait eu raison de cette farce ancestrale, son con de marron aussi.
Un noël sans dinde n’aurait donc pu exister, ne serait ce qu’une fois ?
Non.
Savoureuse, cuite à souhait, de bave en dégustation, le marron un poil étouffant, le repas prit une tournure de cène, sans les apôtres …
Mais judas n’était pas loin, la dinde un peu trop farcie, provoqua l’indigestion générale.
Aux douze coups de minuit, alors que la légende perpétuait son avancée biblique, les invités de Noël réclamèrent assistance, le gavage avait eu raison de leur envie !

La dinde, trop lourde, son marron trop asphyxiant, provoqua l’éclatement de la panse bien pensée, pensez donc, la catin !

La dinde de noël 2010, ne restera sans doute qu’une dinde, et autour d’une envolée de coutumes, si cette volaille trop bavarde gagna les tripes de chacun, la creusoise, bien décidée, lui arrachera ses dernières plumes !

L’année prochaine, nul doute, ce sera l’année du dindon… de la farce !

Bonne année alors.


FROUFROU

La neige, décidément acoquinée de flocons en flocons, laissait pourrir les restes de l’automne déjà bien mort.
De couche en couche, elle s’étalait comme une mariée offerte que chaque pas se battait pour la souiller, cette immaculée !… sa virginité perdue, elle se rendait, baissant ses armes secrètes.
Elle avait déjà frappée en glissades et fémurs brisés des boiteux d’une époque.
Garce.
C’est ainsi, que bien mise en garde et en robe, la Creusoise regardait ce spectacle de barbe blanche, d’étoiles enlacées, unies puis désunies, retenant souffle et éclat de rire quand les proies de cette blanche en laine froide piquaient du nez pointu vers le bas, bien plus bas, réalisant un beau soleil en plein hiver.
Bravo.
Le cirque du soleil aux portes de la Creuse, tourbillons de faits divers d’hiver, le tout enrubanné de rouge.
Cette mariée, défroquée inlassablement chaque année par ce foutu printemps, tenait pourtant fière allure.
Ses cotillons laissaient dépasser son arrogance nouvelle renouvelée pour nous, et de nulle part et partout, dépassaient les froufrous de la prétentieuse.
Froufrou.
Authentique tourbillon de rubans, flocons cassants incassables, ses froufrous dansaient à perdre le Nord vers le Sud.
Et la Creusoise dans ce décor de Walt ?
Saisie d’une envolée enfantine, elle plonge alors, de plein gré, dans ces gants de douceur pour saisir l’occasion d’une danse, longue et langoureuse, visage enfoui dans les dessous de la belle …
Se faire la belle ? Courir aussi vite que le peut la Creusoise pour ne pas se gaufrer sur ce tapis de la redoutable ?
Ses froufrous tentants l’enchantent, la réveillent, la ramènent aux pieds de cette rivale qui la toise de tout son toit de toi.

Blanche. Oui.

Mariée aux pieds nus et froids, allongée pour un bain de lumière, elle disparaît puis apparait pour camper devant la Creusoise.
La guerre a commencé, cette blanche neige nargue la Creusoise.
Comment la botter quand on vit bottée de free-lance ?
Combat lancé, élancées dans leur mesure du sur mesure, l’une se fait douce quand l’autre plus violente.

Talons plantés, armes déployées, la creusoise décide que sa rivale de ces jours de Décembre n’aura pas le dessous et…d’un coup de pèle gigantesque, la renvoie, l’expédie et l’éparpille dans les airs, lui donnant enfin son vrai sens : tourbillon de froufrous !

Satisfaite, elle range ses armes de bastion : la Creusoise sera libre aujourd’hui de continuer ses pas de froufrou.

Non mais.


NON

Emmitouflée dans son manteau d’hiver, la creusoise embottée jusqu’à mi jambe, foulait la vierge neige d’antan d’aujourd’hui…
Sa hotte débordait de résonnance et, dans ces maux, un écho plus intense semblait la faire trébucher… un NON, au loin, puis plus près, l’extirpait de ses songes, ni douloureux, ni agréable, un simple NON.

NON
Quoi NON ?
3 lettres qui se dérangent et dérangent dans ce désordre bordellique de rubans rouges, scènes de ménage astrales, nains et autres contes…
1 voyelle et 2 consonnes mais combien de possibilités ?
Un NON glacial se répétait et que le vent blanc faisait tourbillonner autour de toutes les autres lettres.
NON, qu’à cela ne tienne, NON, c’est un trou noir, une négation donc le néant non ?
Une poche vide de sens, froide, qui ne demande qu’à se travestir ou bien ? Se remplir ?
Le vide est bien fait pour se remplir un jour ou l’autre, mais NON se remplit comment ?
Avec d’autres mots qui pourraient le faire basculer dans quelque chose de plus chaud…
Assemblage de lettres, pures et simples pour donner de façon alambiquée, des mots moins tranchants que lame sœur.
Bien.
Pas très diplomate ce NON tout de même ! NON, c’est rien, l’inverse de tout et son contraire.
NON, sans froufrou, sans guirlandes de Noël, ce mot minuscule peut pourtant déchainer des tempêtes de tous les diables en majuscule.
Donc ce NON, proche de nulle part engendrait pourtant des réponses.
La Creusoise, de son écharpe de voyelles qu’elle préfère, réfléchissait à la possible combinaison de ce NON avec autre chose, de moins bref.
En se déshabillant de ses souvenirs, elle se mit à déshabiller le NON de ces consonnes, pauvres connes de consonnes, et restait la plus ronde des voyelles, le O.
Mais le O, c’est le début de tas de chOses…

Le O, c’est le début d’un OUI, non ?

Le NON, dénudé, a bien peu d’allure devant le OUI !

La Creusoise, sourire aux lèvres, se dit alors, que le chemin entre les deux, reste le peut-être…

Et peut-être que pour le NON il faut un OUI, pour le OUI un peut-être et que tous sont essentiels et que savoir dire NON, pas pour un oui pour un non, a toute sa place dans le langage de nous tous.
Alors OUI au NON, sans lui tordre le cou ! Mais parfois, un peu quand même !

La Creusoise, réconciliée avec le NON, continua son voyage, son sac ouvert, et prépara sa couverture de chaleur dans les yeux des siens…

A demain, OUI.


Pas Sur La Bouche.

Un voyage un peu trop long avait emmené la Creusoise un peu trop loin…
Comment revenir dans le présent quand on s’engouffre dans le passé pour chercher la clé des rubans rouges ?
Comment retrouver sa route, quand le soleil a décidé de bouder désormais pour une bonne partie de l’année, et que la lune , cette garce , fidèle à ses caprices et infidélités en tous genres, n’éclaire rien de bon ?

La Creusoise les soupçonnait de batifoler ensemble ces deux là !

Le soleil et la lune ? Mais oui, tout était clair.
Deux astres aux confins de la création de l’univers, ou juste après, pouvaient bien s’aimer, aussi différents soient ils !
Bien sur.
Mais alors, un baiser n’enflammerait-il pas tout notre monde ? N’interfèrerait il pas sur ce fragile équilibre nous offrant alors et enfin l’excuse de notre déséquilibre ?
Sur la bouche ?
Brûlant la lune aussi froide que l hiver creusois, le soleil ne gèlerait il pas en un simple coup de langue lunaire ?
Quelle aventure !

De toute évidence, l’histoire originelle pas très originale avait omis de penser que des astres opposés pouvaient se rencontrer, se plaire et oser.
Sur la bouche ?
Mais je vous en prie dit l’un…
Cette femelle de lune en fit rougir le soleil, brisant au passage un ou deux de ces rayons…
Mais solides ils sont, amoureux de l’univers ensemble, sur la bouche, en douceur, ils s’embrassent et embrasent la voie lactée qui se dessine au dessus de nos têtes, juste au dessus…
C’est sur, ces deux là s’aiment pour de vrai, pour de bon et depuis longtemps n’est ce pas ?

De clins d’œil en frissons, ce couple insensé et infernal nous offre chaque jour une page de leur histoire, emportant la nôtre un peu plus loin, encore un peu plus loin.

Et l’histoire des rubans rouges avait valsé, se retrouvant dans les cheveux de la Creusoise, petite, un livre à la main, dans lequel quelques pages cornées indiquaient certains passages lui donnant une clé supplémentaire…
Pendant ce voyage lui rappelant que la vie est belle et que Kapra l’avait écrit des plus belles images, la Creusoise retrouvait l’énergie dans un diamant brillant de milles feux, une phrase d’un jeune poète d’outre froid d’un hiver lointain et blanc précoce, et dans la rengaine du soleil et de la lune.
Sur la bouche.
Mais alors dans le même lit ?
Juste au dessus du nôtre.

Sur la bouche, ils se sont roulé la plus grosse pèle de l’univers.
Et depuis, sans cesse en séduction, ils se jouent de nous, de la creusoise et nous offrent leurs scènes de ménage qui nous plongent tantôt dans le jour, tantôt dans la nuit.
Heureusement qu’ils se disputent !

Mais Pas Sur La Bouche…


Entre ciel et mère

S il y a des infinis qui se dessinent ou se devinent dans chaque élément de cet univers, y a t-il de l’infini dans le mystère de la naissance ?

Aujourd’hui, avec le regard de ses printemps passés, la Creusoise, sous l’étendue bleue de cette toile tendue, savoure les premiers jours d’un été de retour en creuse…
Sans nuage, sans ombre au tableau, le soleil s’accroche au filet de cet infini.
Il fait bon noyer ses pensées dans ce miracle naturel.
Infiniment grand, le ciel, bras tendus, embrasse l’indolence de cette si belle journée.
Allongée sur le sable de verdure, la creusoise regarde sous la jupe du ciel…son intimité ne trahit pas le nombre de ses années…
Combien d’yeux se sont-ils laissés perdre sous ses jupons tantôt bleus, tantôt gris, tâchés ou empourprés selon ses humeurs ?
Témoin de la folie des hommes, ironique, il sème ses pénitences sans discussion.
Il est le maître et ordonne et désordonne planètes et nuages, n’en faisant qu’à sa guise, se riant des critiques.
Il nous tombe sur la tête certains matins, mais toujours là, donnant l’espoir que la vie est un mirage et la mort un autre.
Généreux tout de même, il se partage de milles lieux et s’offre à chacun d’entre nous…
L’infini de ce tableau laisse rêveuse la creusoise…
Yeux dans les yeux, elle cherche dans ce bleu, ceux de sa mère.
Des réponses.
Le calme de la nature décontractée l’encourage à rassembler tous les éléments qui la mèneraient jusqu’à la première couture de ses rubans rouges…

Une date ?
Le sage ne lui avait pas dévoilé la nature de cet épais secret mais l’avait seulement apaisée sur les conflits originels de son premier jour.
Ses rubans, arrivés sans nom, gardaient les traces d’une enfance.
Son enfance.
Ils venaient de loin et parlaient d’elle dans un présent dont elle ignorait jusqu’au sens.
Comment percer le mystère de ses premières années sans la voix de son père et l’aide de sa mère ?
L’infini de la combinaison génétique entre deux personnes n’avait il pas l’immensité du ciel ?
Non.
L’infini de l’amour alors ?
Un D, un 6 et tout le reste à faire pour comprendre …
D, comme Darvina… prénom glissé à l’oreille de la Creusoise quand elle ne pouvait l’entendre.
6… un âge ? Un jour ?
Les mille et une questions de ses mille et une nuits n’avaient pour seule réponse que le brun de ses cheveux et le bleu de ses yeux…

Aujourd’hui, la Creusoise regarde seulement les dessous du ciel …
Le vent feuillète son Marie-Claire et ses free-lance se pavanent tout près, dans cette vie là…


O

Si la pièce n’en était qu’à son premier acte, le O en était à sa quinzième place. Ni bon, ni mauvais, le O se pointait tel un zéro mais dénonçait, non pas une piètre note, mais un bel élan de surprise, d’admiration et sa consonance donnait naissance à un élément vital…
Cette voyelle prenait tout son sens ici, au beau milieu de la creuse déchainée…
Voui, déchainée !
La creusoise de retour dans son pays, avait choisi de braver le mauvais temps insistant et d’aller faire sa ronde creusoise, histoire d’être certaine que tout était encore bien à sa place.
Il ne fallait pas exagérer tout de même, la lune avait foutu le camp, le soleil avait pris la poudre d’escampette, il ne manquait plus que la rivière disparaisse à son tour pour que le chaos soit atteint !
Mais nan, la Creuse était bien là, plus folle que jamais à jeter de part en part tous poissons qui se permettraient une histoire d’amour insensée avec un oiseau !

La Creusoise, assise à son bord pour le moins brumeux, regardait le spectacle naturel de cette eau joyeuse qui faisait le tri dans sa vie…
Elle jacassait telle une bonne du curé, assurant que la goutte d’eau faisait déborder le vase et qu’elle regagnerait son lit quand bon lui semblerait.
Et visiblement, agitée, la creuse découcherait quelques nuits encore…
Bien.
Que faire pour lui imposer un brin de sagesse et de compassion ?
La Creusoise, qui, quelque préface avant, avait déjà pris l’eau, restait ô combien méfiante devant cette eau ô combien charmante de candeur mais ô combien cruelle lorsqu’elle assurait le dernier mot.
Ne pas s’en approcher, ne pas la provoquer… attendre que sa folie passagère ne cesse…
Attendre le calme retrouvé pour l’embrasser de nouveau et célébrer les fiançailles des amours impossibles.
Un oiseau, un poisson, amour tendre, comment s’y prendre avec autant d’ô ?
Et les amours impossibles, la Creusoise n’y croyait pas…
Les jours prochains s’éclairciraient, la creuse retournerait dans son foyer et la Creusoise avancerait sur le mystère de ses rubans rouges signés…


…Et Arlequin

Dans cette divine comédie de l’art, la Creusoise avait suivi le chemin de la lune qui l’avait amenée jusqu’au bout de la terre qui se plongeait dans l’eau de ses larmes…
La nuit d’ici, loin de sa Creuse, était plus noire que ses idées : la lune, cette ravageuse, avait disparue en cours de route ou alors était restée au dessus des toits creusois, à moins qu’Arlequin n’en soit le responsable…
L’aurait-il promise à une autre promise ?
La mer, calme et pleine de mystères, ne soufflait pas un mot, à peine une ritournelle.
Sur cette plage de son enfance difficile à retrouver, la Creusoise tenait dans ses mains ce qu’il restait de son bienfaiteur Arlequin : les couleurs de sa belle apparence, brillantes de sa si belle absence.

Arlequin, en plus de lui offrir la lune (déjà disparue) lui donnait-il sa chemise ?
Généreux prophète d’un avenir prometteur !
Pense-t-il donc qu’il suffit d’un mirage lunaire et de quelques lambeaux de sa peau pour que la Creusoise s’admette Colombine ?
Sa Colombine ?
Creusoise en colombine, de billets verts en rubans rouges, elle devait quand même reconnaitre que Pierrot, son ami d’enfance, l’avait mise en garde contre les frasques magiciennes de son rival multicolore…
La lune ne se décroche pour personne et l’Italie n’est pas en Creuse même si tous les chemins mènent à Rome !
Bien.
Ses pieds nus dans le sable méditerranéen (on n’abîme pas ses free-lance !) lui faisait ressentir des émotions depuis longtemps oubliées.
Elle n’était pas seule, et dans ses pas ensablés, se posaient silencieusement les pas évanescents d’une présence familière.
Sans se retourner, faisant tourner l’habit du comédien, la Creusoise devinait.
L’ange qui la protégeait n’était pas vieux de mille ans, pour autant, sa bienveillance accordée lui donnait le change depuis une éternité.
Cette fidèle amitié ne s’était jamais brisée, mieux, elle s’était amplifiée et dans le chaos de son cœur à l’an vert, elle avait trouvé refuge au creux d’une autre réalité.
Ses rubans rouges nouaient demain, Arlequin n’était plus qu’une vague de couleurs, mais la Creusoise savait désormais qu’elle ne serait jamais seule ;
Elle pouvait s’en retourner dans sa ronde creusoise, en paix avec son insomnie, la pièce n’en était qu’au premier acte…


Colombine

La lune, ce soir là, se découvrait scintillante, dans sa plus belle tenue.
Sans doute allait t-elle au bal des débutantes…

La Creusoise, quant à elle, décidait de s’en approcher afin de bénéficier de sa lumière blanche pour éclairer ses rubans rouges…
Le vieux sage lui avait confié, quelques lignes auparavant, que le cœur peut rompre à force de battre trop fort, et le plus fort, c’est qu’il peut battre à tout rompre.
Et rompre faisait mourir, et mourir faisait renaitre, phénix l’avait dit.
Dans sa ronde de nuit, le sien était aussi plein que la lune était pleine, et dans cette soudaine ressemblance, les souvenirs de l’avenir ne faisaient qu’un avec le sourire gourmand de la lune.
Mais qu’essayait-elle de lui dire ?
Pourquoi s’approchait elle de plus en plus ?
Mais qui la tenait dans sa main ?
Vierge de tous soupçons, blanche comme une mariée, sûre d’elle dans sa posture, la lune donnait la réplique à la Creusoise.
Comme figée sur le toit du monde, assise sur son passé, elle se laissait déborder par les propos de cet astre.
Le murmure de cette voix du ciel apaisait ses tourments.
Conversation singulière où la contrariété n’existait pas.
Ce tête à tête avec la lune faisait alors grandir les pensées de la creusoise.
Pourquoi s’offrait elle si généreuse à tous ceux qui voulaient bien la contempler ?
Impudique et fière certains soirs, absente d’autres, apparaissant ni conviée, ni attendue, observait elle ce monde renversé ?
Le sillage de ces mots lunaires en disait bien plus que la Bible, la Creusoise tendait l’oreille…
L’attraction que cette boule de lumière exerçait sur elle emprisonnait ses mouvements. Tel un coup de foudre pour le prince charmant de grincheux, l’envie de la toucher se faisait de plus en plus forte.
Mais comment l’atteindre ?
La supplier ?
Lui demander ?
Une subtile danse s’installa alors entre la lune et la Creusoise. Le pouvoir certain d’une communion se dévoilait dans la nuit profonde de la Creuse…
Arlequin, juste derrière la page presque tournée, tenait dans sa main cette pleine lune consentante et la tendait à la Creusoise en guise de cadeau…
L’emprise était telle qu’elle voulait qu’on lui décroche la lune…chose faite ?
Il lui fallait, pour profiter pleinement de ce présent de l’avenir, présent du ciel multicolore, retrouver l’origine de ses rubans rouges qui la nouaient plus que jamais au pécher originel de sa naissance…
Cette nuit là, sur le toit de son monde, la Creusoise toucha de sa peau la lune qu’on lui avait décrochée, mais était ce suffisant pour éclairer toute une vie ?


Et juste après…

Puisque la danse ne faisait que commencer, dans un autre courant de pensée, pensait-elle, la Creusoise, enrobée comme il se doit, se voit à la naissance de ce nouveau chemin.
Tout tracé ?
Laissant tomber les fleurs trop grandes, les autoroutes trop longs, les costumes trop larges et les bottes de sept lieux, la Creusoise, d’un pas incertain mais certain, prend le large dans cet étroit chemin, chemin de trace…
Les arbres pour seul abri lui témoignent reconnaissance et, comme dans un décor de Walt Disney, lui font signe que la clairière est au bout, tout au bout.
Pas de nains à l’horizon et pourtant, quelques poltrons rentrant du boulot chantent au loin, mais de plus en plus près, une chanson exotique, c’est à dire : Creusoise.
Existe t-il une réalité au delà des routes indiquées ?
Peut-elle franchir cette page imaginaire si lourde à tourner et retourner dans un monde merveilleux ?
Monde en arrière , juste derrière, où les fleurs sauvages ne sont jamais cueillies ?
C’est alors que Grincheux apparaît dans son uniforme de toubib, plus vaillant que tous les autres et plus grincheux que de coutumes :
Quoi il faut qu’elle rebrousse chemin ?
Quoi Simplet ne comprend jamais rien et rend fou le Prof qui tente de trouver des explications aux éternuements répétitifs de Atchoum ?
La Creusoise se laisse impressionner par tant de grognements de ce personnage de la page d’avant.
La creuse lui impose le silence, Grincheux se tait, lui même en conflit intérieur avec ses convictions.
Silence, on tourne…Dormeur est tapi là, juste avant .
Aucune agitation, ce chemin paraît être le bon puisque le voile se lève en douceur, au grand plaisir de Joyeux qui prend la main de la Creusoise.
La clairière se découvre, réserve de non dits trop difficiles à dire, Timide est là.

En laissant derrière elle un monde trop grand, elle se retrouve dans un monde plus petit, vraiment plus petit mais loin d’être étriqué dans des vêtements de géants.

Ces 7 joyeux drilles lui parlent d’un prince charmant qui n’a pas foutu le camp avec la belle au bois dormant…
Le vent soulève son ruban rouge et sur le revers, elle découvre un 6.
Touché ? coulé ?
Nan, bien plus compliqué…
Dans son Marie-Claire, l’année 6 est une bonne année en ce mois de Mai.
Alors ?


Danse

Valser, tel était le conseil de la fourmi, et dans ce joyeux printemps fait de pluie, de neige et de vent, la Creusoise, d’un pas que l’on connaît, accorde ainsi sa première danse dans cette creuse si dense, avec espoir dans le cœur de se délivrer enfin des mauvaises notes de ses piètres mauvais pas et d’apprendre à danser…
Si le monde ne tourne pas rond, si elle a fini de tourner en rond, dans ce vertige de souvenirs, la Creusoise rentre dans le cercle tout neuf de la vie…
La valse entamée envoie valser tout ce qui n’a pas le rythme de sa musique.
Comme seule attache à ses jours d’hier, ce mystérieux ruban rouge qui lie ses cheveux.
A moins qu’il ne soit le témoin de demain.
Mais alors ?
Elle avance dans le folklore des danseurs, chassant la grise mine des pas chassés.
Dans cette voltige d’accords bien accordés, elle se laisse enlacer par son ruban rouge, et se laisse emporter par une ondulation fraiche de rires des gens heureux de cette rude Creuse.
La chaine humaine tournoyante se déchaîne et soudain la Creusoise découvre qu’elle ne tourne pas dans le même sens.
Mais le charme insiste, résiste…elle existe !
Y a-t-il un seul sens à la vie ?
La valse ne se danse t-elle que dans un sens ?
Toujours à deux ?
Mais l’essentiel n’est il pas de danser en évitant de se faire marcher sur les pieds ?
Surtout si bien chaussés ?
Si.
Et peu importe les entrechats entrecoupés de pas de deux à trois ou à dix, la Creusoise dans cette nouvelle portée, se laisse emporter par le vague à l’âme de cette vague des sens dans tous les sens.
Sans perdre le Nord, ce combat sensuel l’amène à virevolter jusqu’au petit matin…
Elle rentre, mordue par cette nuit agitée…
Demain était hier.
Ses cheveux sont détachés, comme elle, et dans sa main, le ruban rouge. Sur une de ses extrémités, elle découvre une initiale.
D.
Le soleil se lève, la creusoise se couche sur sa robe en lambeaux.
Déjà tard, mais pas trop tard…pour une dernière danse.


Le bout du monde

Se pourrait-il que le bout du monde soit le bout du nez de la Creusoise ?
En tout cas son bout du monde à elle ?
Cela voudrait t-il dire aussi que le centre de la terre serait son nombril ?
Que la lorgnette scannante de la vie décadente ne passerait que par ses yeux ?

Voui, voui, voui et voui.

En tout cas, en ce jeudi 13 mai, la Creusoise a envie de se dire tout ça…

Et elle n’a pas vu plus loin que le bout de son nez …
Elle en rit, ses yeux se plissent et son sourire éclate, quelle idiote de Creusoise se dit-elle…
Comment a –t-elle pu imaginer que le monde n’était pas plus loin que ça ?
Que d’un simple revers de sa main droite elle pouvait l’atteindre, le saisir, le choper pour le transformer à sa façon en un monde qui tourne rond …
Tourner en rond, voilà ce que le monde fait, il tourne en rond mais ne tourne pas rond…et dans cette ronde plate et dénuée d’émotions, son monde s’écroule.
Le flair lui a manqué…monde idiot oubliant que la fantaisie fait si bien la ronde avec les sentiments et que tout ça s’échappe au premier courant d’air d’un mouvement circulaire fait trop vite, si vite…
Son bout du monde aujourd’hui se dessine à l’aube de la forêt qu’elle regarde, elle respire et demain s’aventurera sur ce nouveau chemin qui lui tend les bras…peut-être retrouvera t-elle des pas déjà foulés l’amenant jusqu’à un vieil ami d’enfance, enfance pour ses yeux là inventée pour que ses rêves bien réels soient plus beaux ou juste réalisables…
Mais en attendant, elle noue et dénoue un ruban rouge, le passant d’une main à l’autre.
Ce ruban reçu hier, sans mot, sans signature avec pour seul indice le cachet de la poste…
Une grande ville, capitale, son nom en lettres capitales, c’est capital, trouver le capital de cette affaire étrange qui la bouleverse, une fois encore…
Un ruban rouge…moins drôle qu’un courrier vert, moins fantaisiste qu’une page de Marie-Claire et moins parlant qu’une pure paire de Free-Lance.
Chargé de questions, ce ruban doux fera l’objet d’une enquête, en quête de vérité sur ce monde ovale.
Et le centre alors ?
Son nombril absolument, nan ?
Égoïstement si.
Elle regarde son nombril, unique preuve d’une naissance la rattachant à des racines encore floues.
Son monde tourne autour de cette balafre vivante et tel narcisse ou quelqu’un d’autre, elle se regarde dans le miroir de la Creuse si passive. Elle lui ressemble. A lui.
Et ses yeux sont les siens. A lui. Et c’est par ce mystère de la vie que la Creusoise voit ce monde si malin, le malin…
Et le signe qu’elle fait tournoyer au bout de ses doigts lui prouve que dans ce monde tordu de douleurs, quelqu’un quelque part lui a envoyé un bout de sa lorgnette…
Tissus du passé ou de l’avenir, ce ruban rouge éclatant de promesses à l’aube de cette nouvelle décennie lui annonce que la ronde est loin d’être terminée.
Alors elle entre dans le tourbillon d’hier et d’aujourd’hui pour demain.
A demain.


Lame sœur

Tout en regardant la pluie tomber, le reflet de la Creusoise se dessine au milieu des gouttes…
Encore une de ces journées pluvieuses qui entrainent nostalgie des beaux jours…
Ses yeux se confondent avec et dans les nuages gris de celui-ci.
Son cœur balafré cogne lentement, au son des notes d’un piano qui se plaint un peu plus loin.
Ses battements s’accélèrent, ceux de ses paupières ralentissent…une ou deux larmes, puissantes d’émotion, ses plaies s’ouvrent encore, maudit mauvais temps.
Elle regarde ce visage, écho d’elle même, se pourrait-il être son jumeau dans ce mois des gémeaux ?
Un autre elle, son hôte ?
Privée de mots, laissant parler son double si trouble, elle essaie de toucher cette image à l’endroit lui renvoyant ses maladresses, ses faiblesses mais aussi le fond de son âme…
La lame si tranchante vient à bout de ses forces, comment résister devant le découpage habile de cette arme blanche ?
Arme fatale, lame sœur, tranchant dans le vif du sujet chacun des pas de la Creusoise, la dédoublant, la doublant de quelques années, quelques mois, quelques jours… quelques heures encore ?
Festival de cicatrices, la Creusoise coupée en deux, rassemble les puzzles de son cœur en charpie, de sa vie décomposée qui se recompose maladroitement sans cet équilibre déséquilibrant de cet autre elle.
Elle se rhabille de sa robe de souvenirs, se rechausse de ses souliers précieux, et s’invente une autre apparition, où le blanc des armes serait moins noir que celui des âmes et son gémeau, de ce drôle de printemps, un peu moins son jumeau de ce mois de Mai.
La Creusoise, encore remuée par la face de son pile, efface de sa main son reflet, la lame bien aiguisée de l’âme sœur lui a laissé les traces du chemin qu’elle doit retrouver et un nombre : 28
Docor


Sérial enterreur

Il y a, au fin fond de la Creuse, de drôles de spécimen gagnés par l’ennui, et il faut bien l’avouer, le calme de ces vies calmes peut facilement entrainer d’étranges passe-temps…

Et c’est ainsi que la Creusoise fut amenée à croiser un de ces atypiques creusois…
Assise sur un banc ce jour là, plongée dans une lecture passionnante, un vieux monsieur vint s’asseoir à ses côtés. Rien d’extraordinaire jusque là.
L’homme paraissait tourmenté. Bien vêtu, eau de Cologne pour maîtresse, ses mains trahissaient une sorte d’inquiétude. Il regardait l’heure de façon répétitive…
Un retard ?
Un rendez-vous ?
C’est alors qu’il se mit à parler.
Il se rendait à un enterrement lui dit-il , et son angoisse venait du fait que l’heure de ce funeste rendez-vous allait lui causer du retard pour un autre rancard, tout aussi regrettable : un autre enterrement.
La Creusoise, touchée de compassion, lui exprima son regret pour ces défunts qui avaient mal choisi l’horaire pour leur dernier départ et ce regrettable mal entendu , se disant qu’ils auraient quand même pu se mettre en accord sur le jour et l’heure de leurs funérailles pour éviter des désagréments à ceux qui restent…
Ils étaient tombés d’accord.
Continuant de se livrer, la Creusoise comprit alors que le vieil homme n’avait pas de liens particuliers avec ces malheureux, mieux encore : il ne les connaissait pas.
Son emploi du temps était chargé, racontait-il, et les morts n’attendent pas !
Mais, tous les morts ? Accompagnait-il tous les morts au fond du trou de l’ennui ?
Et bien oui…
Le face book de ce personnage d’un autre siècle (celui de la Creuse) n’était pas d’ordre technologique, mais tout aussi rempli d’amis.
Et ses amis ne le contrariaient jamais mais lui imposaient de tenir un agenda bien ficelé de messes et bénédictions, le tout réglé comme du papier à musique.
Du lundi au samedi (guère de répits), l’inconnu des vivants, prenait chaque jour sa tête d’enterrement et s’endimanchait pour suivre les corbillards de tous les âges.
Pouvait-on le soupçonner de manger l’Ostie en guise de récompense ?
Pouvait-on le soupçonner de préparer son prochain voyage ultime en chopant d’ici ou là des cantiques ou psaumes afin de gagner le paradis plus vite que les autres ?
La creusoise, retournée par ce qu’elle venait d’entendre, le salua et tourna les talons free-lance.

Plus tard, au son du glas que l’église claironnait, elle se dit que finalement, ce solitaire, un peu spécial quand même, avait une démarche respectable, bizarre mais respectable,
Et que la ronde dans une maison de retraite ne valait sans doute pas mieux que le tour funeste du grand-père…


Ombre de la Creuse

Ces jours ci, le temps ne donne pas, mais alors vraiment pas le change.
La Creuse reprend sa tête de travers, celle que les gens bien pensant raillent, faisant d’elle la région perdue dans les trous de la terre, celle qui se fait craindre autant qu’un mauvais sort…

Dans tout ça, la Creusoise tente d’imaginer ce que serait un peu d’ombre au soleil…
Dur, lorsqu’on est sous la neige de Mai qui menace de blanchir, une fois encore, le sol creusois déjà raide à fouler.
Du coup, le mauvais temps devient une des ombres au tableau, nous y voilà…
Se retirer des aléas d’une vie tourmentée, pensait-elle, éclaircirait sans doute les ombres qui s’étaient dessinées autour des ses yeux, que le temps (le bon) reviendrait brides abattues et qu’elle sortirait de l’ombre de cette puissance infernale.

Dur d’être à la lumière quand le ciel ne donne que la revanche de nos espérances.
Le temps des cerises n’était pas pour demain et celui de ses 20 ans que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître était déjà derrière elle depuis un certain…temps.
Tant pis.

L’idée pour elle aujourd’hui, est de sortir du carcan ombrageux des ombres rageuses de son passé d’hier.
Éclater au grand jour mais pas en plein vol, s’assurer que ses couleurs retrouvées seraient suffisamment tenaces pour affronter les fantômes, les couronnes tombées et de les ramasser.

Vivre derrière un rideau de chaire n’avait pas fait d’elle une plante verte, et pourtant le manque de lumière nécessaire à sa survie avait asphyxié la croissance de ses mouvements, il faut bien le dire…
Espace, place, pour replacer une gestuelle effrontée trop longtemps bridée, étaient nécessaires pour déployer l’envergure de ses ailes.

Dans la pénombre de cette journée d’hiver en plein printemps, la Creusoise jouait aux ombres chinoises à la lueur du feu de cheminée…
Peur de son ombre ? Mais de quel nombre ? le 13 ?

Peur de rien nan, pas l’ombre d’un doute.
Encore un peu l’ombre d’elle même, elle avait mis à l’ombre tout ce qui lui en faisait et il ne lui restait qu’à choisir l’ombre à paupières que son fétiche Marie-Claire lui conseillait, et d’attendre que le soleil revienne pour s’abriter d’une belle ombrelle…et ça, ça n’était pas pour demain non plus, non mai!


La Creusoise et le grand méchant plouc

Se pourrait-il qu’en Creuse, loin des mondanités criardes et gouailleuses de Paris, se trouvent des individus à fort pouvoir d’énervement ?
Nan.
En fait si, comme partout ailleurs d’ailleurs.
Mais la Creusoise, sensible au point de se sentir victime, ne s’était pas méfiée de l’approche un peu lourde du pantin de ce jour là…
Fait de bric et de broc, déhanché par sa sérénade, elle n’avait pas distingué les fils qui lui donnaient l’allure d’être humain.
Ni beau ni laid, habité d’une âme inconnue à ce jour, le personnage lui demandait du temps, le temps de le trouver chic et élégant afin qu’elle soit en état de choc !
Le vent de Mai le faisait vaciller, tantôt à droite, tantôt à gauche, telle une girouette.
Cette entité, visiblement, ne tenait pas la route…
Pire encore, au fur et à mesure de ses paroles, le visage de cet importun changeait…
De façon imperceptible au début, puis distinctement, son nez s’allongeait.
L’enfant de Gepetto, perdu dans la Creuse, venait de faire son apparition.
Quel chemin l’avait mené jusqu’ici ?
Coïncidence ?
Providence ?
Y avait-il un message dans cette rencontre ?
La Creusoise aurait-elle quelque chose à voir avec cette marionnette ?
La danse qu’elle avait entamée avec lui l’emmenait dans un tourbillon de rires acides, les ficelles s’emmêlaient, des nœuds au-dessus de leurs têtes s’amplifiaient au son de la musique trop forte de ce bal des vampires…
Ses free-lances ne suivaient plus la cadence, et dans une dernière valse, de ses dents blanches toutes droites sorties d’un dernier sourire, elle coupa ces liens rageusement et Pinocchio s’effondra à ses pieds majestueusement chaussés…
La Creusoise tenait encore debout, encore étourdie par ces pirouettes avec l’homme de bois, le visage éraflé par ses mensonges.

La Creuse, cette si belle Creuse réserve bien des surprises, cache bien des joyaux et tomber nez à nez avec cet automate permit à la Creusoise de prendre conscience que le sien était bien assez long !


La Creusoise sans histoire

Nul n’est prophète en son pays, mais il subsiste quelques rois et reines d’un large monopole n’étant pas tout à fait un royaume…
Et la creusoise, pourtant isolée dans sa creuse profonde, ne fut pas épargnée par La Rencontre avec le ROI …

D’un langage soutenu, fait de rimes et de vers, tête haute perchée, œil noir et cheveux sombres, ce Roi, tout en toisant la creusoise, se mit à lui tenir un discours ne lui laissant à aucun moment le souffle pour une pauvre parole.
L’inondant de palabres en remarques, l’oiseau lui racontait des histoires, encore et encore… tantôt à lui couper la respiration, tantôt à la surprendre, lui faisant peur, la faisant rire… et lui faisant croire, sacré faisant !
D’un jour à l’autre, elles étaient différentes, enjolivées à souhait pour que chacune d’elles deviennent merveilles, il y allait même d’un chat botté parcourant milles lieux, d’une pantoufle de verre (quelle idée, Free-Lance n’oserait jamais), d’une petite fille en rouge et de sa grand mère… bref, tout en paroles, de belles paroles semées au vent d’ici, la Creusoise, pas si dupe , se mit à reconnaître un bras d’Andersen, une jambe de Grimm, et la main de Perrault… tout n’existait que dans les livres de son enfance et cet étrange spécimen, bien fait de ses cordes vocales, n’était que le ROI des …contes.
Sitôt démasqué, elle s’empressa de le renvoyer dans ses pages, cornées, déchirées et usées, et enfin lui imposa de se taire pour laisser place à la vérité.
Mais le beau parleur ne l’entendait pas ainsi, et, gagné par Ira, se mit à déballer des champs de mots, et des chants de mots, lui infligeant une soupe amère de fables à l’envers, accusant La Fontaine.
Sa colère était telle que rien ne pouvait l’arrêter.
Dans l’excès et ne mesurant pas ce qu’il disait, il laissa tomber sa couronne de Roi des Contes pour se couronner de celle de Roi des Comptes et se mit à les régler seul, avec lui même, au beau milieu de sa cour…

Plus tard, la Creusoise, esprit creusois retrouvé, se dit que, dans tout ce remue-ménage de Dieu, Diable et autres contes, il perdrait sa couronne de roi des comptes et se couronnerait, tôt ou tard de celle de Roi des Cons…et la Creusoise la reine.

Si on ne badine pas avec l’amour, on ne badine pas non plus avec le royaume de la Crédulité…Comme si le Père Noël n’existait pas !!!


La Creusoise cigale, et la fourmi alors ?

La Creusoise est cigale et s’apprête à chanter tout l’été, et cette année, il s’annonce chaud et ensoleillé.

Les pages de Marie-Claire sont parsemées de robes, jupes, combinaisons, sandales…panoplie de la fashion Creusoise qu’elle est, et pour chanter, il faut bien être habillée nan ? bien lancée, élancée de ses Free-Lances nan ?

Certes la mode ne passera pas par elle cette année, mais elle peut bien rêver quand même, et les rêves ne sont-ils pas faits pour être réalisés ?
Le modèle de la page 244 la fait imaginer une fin d’après midi, sous la chaleur du soleil marocain…

Et son aventure des songes commence, et songe à l’aventure d’un voyage…

Paysage de carte postale, Celsius au garde à vous, la Creusoise se retrouve sur le sable chaud d’Agadir, la mer fluide comme ses pensées et le cocktail frais parce que c’est mieux…
Parée d’un paréo haut en couleurs puisque retrouvées, la Creusoise chante…
La douceur de cette villégiature détend ses traits si longtemps crispés par les mauvaises nouvelles d’un temps d’avant.
Pas de courriers verts, pas de vagues à l’horizon, pas de A, pas de choix, la Creusoise est désormais cigale au milieu des cigales, parcequ’ici, c’est déjà l’été…

Soudain, un éclair accompagné d’une grande engueulade du ciel creusois la ramène en Creuse…
Bien.
Pour chanter cet été, la Creusoise, encore imprégnée de son rêve d’ailleurs, s’en va voir, à 2 pas d’ici, l’amie de Brice, sa voisine la fourmi.
La Creusoise s’époumone pour charmer cette dernière, la priant de lui prêter quelques euros pour subsister à la saison nouvelle qui s’approche. Lui garantit de payer avant fin août, foi d’animal, intérêt et principal.
La fourmi n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut (avec quelques autres quand même) et rétorque, devant cette emprunteuse : que ferez vous au temps chaud ?
Devant une telle question, la Creusoise guère menteuse, lui annonce un programme enchanteur fait de destination, et de tas de trucs indispensables pour passer un bel été, ne lui déplaise…
La fourmi en est fort aise, cependant lui conseille de rajouter quelques cordes à son arc de chanteuse et l’envoi valser…

Fourmidable !…


et…la Creusoise reprend des couleurs

Ouf ! Sortie de ce mauvais tourbillon de la vie, la Creusoise la voit de nouveau en couleur, enfin le noir de ses idées déteint, dégorge et tout devient clair…

La vie en Rose ? Pas tout à fait nan, mais le rose aux joues oui. Le rose piquant de cette fleur qu’elle affectionne se fait moins douloureux, les épines ne l’empêcheront plus de l’aimer.
Le gris du ciel d’aujourd’hui lui rappelle celui des yeux de son père, un gris tendre qui ne laisse rien présager de mauvais, rien dans ce ciel, à part de gros nuages blancs, blanc comme un paradis inventé où seules les âmes blanches ont l’accès, mais la Creusoise n’est pas blanche… Blanche, quel beau prénom .
Elle contemple, lassive, le décor creusois de son regard bleu, bleu comme les bleus qu’elle a au cœur, et qui, sur ce rouge vermeil, ne vont pas si mal, ne font plus si mal…
Rouge, comme ses lèvres, qui s’animent de nouveau, la creusoise sourit à la souris verte, souris des champs qui courre pour échapper au félin noir qui la traque…et souliers noirs qui fuient les courriers verts de Brice…

La creusoise sort ainsi, lentement, d’une anesthésie générale des couleurs. Encore un peu groggye par sa traversée en eaux troubles, se verse un verre de vin dont la robe pourpre lui révèle une belle identité.

Elle a broyé le noir et l’a jeté en milles éclats de toutes les couleurs.
Elle met de l’ordre dans ses cheveux, Marie-Claire dit qu’il faut y mettre de l’or aussi…

Et l’or n’est-il pas caché à chaque bout d’arc-en-ciel ?
Si, elle est belle la vie… et on est riche quand on la voit en couleurs !


La Creusoise prend l’eau

Puisque la Creuse se réveille enfin de son silence froid de l’hiver, la Creusoise, bien bottée, choisit aujourd’hui de la prendre par les bons sentiments et, c’est à bord d’une embarcation, qu’elle s’en va dans le sens du courant.

Rien ne laisse présager un quelconque danger, l’eau n’est pas plus vive qu’elle, le bateau semble tenir la distance et le temps approuve cette sortie d’air en eau.
Tel un bouchon de pêcheur, elle se laisse glisser, pagayant quand bon lui chante…
Pourquoi ramer quand on peut tout simplement suivre le mouvement ?
Pourquoi faire des efforts quand la simplicité est de paire avec la tranquillité, n’est ce pas ?
Le temps ne se presse pas, elle non plus et c’est ainsi que, se laissant bercer par le silence, la Creusoise, trop confiante par ce qui l’entoure, se retrouve au beau milieu d’un tourbillon d’eau qui la jette de droite et de gauche avec tant de force, qu’elle réalise qu’il faut se méfier de l’eau qui dort…
Elle se sent en danger, pour la première fois de sa vie.
Vite, reprendre le contrôle de sa barque, vite ramer fort, ne pas se laisser emporter par ce qui semble vouloir la faire couler… et pourtant.
Une dernière vague la retourne.
La Creusoise sait nager, mais dans cette eau, encore froide de la saison glaciale, les profondeurs la tirent vers le bas, tout en bas et, à bout de force trop tard déployée, elle coule…
Ses yeux jettent un dernier regard vers ce qui semble être la surface, et, dans le flou de son avenir, se détachent l’image de ses enfants, un sourire d’autrefois, une couverture de Marie-Claire et une vieille paire de Free-Lance…sa vie défile.
Elle suffoque, ca y est, elle touche le fond et s’effondre tel un pénitent.

C’est alors qu’une voix la ramène à la surface, elle se retourne, un visage souriant lui annonce que la traversée est presque terminée…
La Creusoise ne coulera plus jamais, elle prend des cours de pagaie, mais ne le dîtes à personne…


La visite du Mardi

Cette visite particulière met la Creusoise en émoi.
A quelques dizaines de tire d’ailes, quelques paquets de dizaines de minutes de sa Creuse, accompagnée de Pierre, la Creusoise s’en va rendre une visite singulière et des plus importantes…
Belle vêtue pour faire bonne impression, nue de tout maquillage pour ne pas lui déplaire, elle se rend ce Mardi un peu plus loin, loin, si loin…
Son cœur bat plus fort lorsqu’elle se trouve devant le grand jardin de cette petite maison.
Aura t-elle le courage de tout lui raconter ? De lui sourire ? De lui pardonner ? De tout lui dire aujourd’hui ?
Tant de visites déjà réalisées, tant de Mardi passés sans qu’elle n’ait pu prononcer un mot, ni même cesser de trembler devant son silence si glacial.

Mais la Creusoise a changé, grandi, et parcouru quelques vies, tant bien que mal, et ce jour, se sent capable d’affronter son regard si grand.
Et c’est ainsi que la conversation s’installe, elle s’agenouille à ses pieds et commence par le début. Le début, jauni par le temps passé, se dévoile, et petit à petit la Creusoise se détend, les mots s’emballent, son visage s’illumine, les souvenirs s’enchainent, le ton de notre Creusoise se fait doux et chaleureux, elle sent que le pardon n’est pas loin, qu’il arrive à grands pas … qu’il est là.
Elle ne cesse de lui parler, passant du rire aux larmes, lui, toujours silencieux.
Cette maison n’est pas celle de son enfance mais enferme, bien scellés les souvenirs qui vont avec. Aujourd’hui, avec courage, elle les fait ressurgir un à un.

Elle se relève lentement, pose sa main sur le marbre froid, un nom gravé sur la maison lui jette au visage une fois de plus que son père n’est plus là pour la prendre dans ses bras, une dernière fois, juste une dernière, avant de plonger dans ce monde confus des grands…

Elle quitte le grand jardin, sans se retourner, écrase une larme, une de plus et sourit.
Il est là…

Elle s’en va, fière d’avoir dans son sang, celui d’un homme qui l’abandonna trop tôt, mais ô combien maître dans l’art de se faire aimer.

Tiens, dans son Marie-Claire, le coup de cœur annoncé parle de la mort au crépuscule…


Jupe si courte pour bas si longs

Le printemps s’est installé en Creuse et la gaieté ébouriffe le regard des jeunes, des moins jeunes et des plus jeunes du tout. Le soleil fait de l’effet, les fées sont de sortie et la Creusoise tout autant…
Ayant déjà oublié sa chute, hissée comme de coutume, s’en va en guerre contre les bas qui plissent, les jupes qui collent et les pantalons trop grands, ou trop courts.
Que faire et comment faire pour habiller le premier étage sans pour autant le camoufler, ni trop le dévoiler ?
Hésitations encore, hésitations toujours, la Creusoise décide que la mode ne passera pas par elle ce printemps, que les fleurs attendront, et que ses vêtements d’autrefois ne l’empêcheront pas d’aller au devant de nouveaux jours.
De retour sur elle même, le miroir qu’elle regarde, la toise un peu mais ne lui fait pas chasser le regard.
Marie-Claire a dit de mettre du soleil dans sa vie, la creusoise l’entend bien aussi.
Son soleil aujourd’hui sera de porter cette jolie jupe, preuve d’un temps passé mais pas si loin …
Sitôt enjupée, la Creusoise, sourire aux lèvres, regarde le miroir …

Ses bas de femme sous sa jupe trop courte lui font baisser les yeux, la Creusoise vient de s’apercevoir qu’elle n’a plus 18 ans…

Temps trop court pour les jupes trop courtes, temps trop long pour les jupes trop longues.

Demain, elle se met aux pantalons.


La Chute

Une chute, pour certains, porte à rire , pour d’autres évoque un bout de tissus restant d’un costume sur mesure, ou bien un mot imposant le silence , ou encore une grande baffe qui vous colle directement au fond du désespoir, un film ou la fin d’une histoire …

Pour la Creusoise, c’est un peu tout ça à la fois, mais aujourd’hui, endimanchée de la tête aux pieds Free-Lances, elle se moque bien des conditions de ce mot et de toutes ses significations.
Aujourd’hui, c’est Dimanche, le jour du bien et du mal, le jour qui nous promets de ne faire que ce que l’on veut, et ça, la Creusoise l’a bien saisi et intégré dans son fonctionnement, donc…
D’une démarche soutenue par ses grands talons, la Creusoise va, air en tête et plein visage, à la rencontre de la Creuse en folie.
Un petit tour, en rond, dans le fin fond de la nature Creuse et pour finir, une étape citadine en pleine ville creusoise.
Pleine ville, grouillant de … quelques Creusois, profitant du soleil pour mettre leur nez dehors au cas où.
Et, au beau milieu de ce mouvement de foule (15 personnes) : la Creusoise.
Le numéroscope de Marie-Claire est clair, il faut aller de l’avant, coûte que coûte, et la Creusoise applique à la lettre, (A), ces fameux conseils implacables.

Mais en allant de l’avant, regarde t-on forcément où l’on marche ? Nan. On regarde droit devant, tête haute, torse bombé tel un matador pour affronter demain, après demain, après après demain et les jours qui suivent…
C’est ainsi, que position guerrière, elle déambule, sans se soucier où elle pose ses souliers noirs.
Dommage…
Il suffit alors qu’un trou, mal placé, happe le talon d’un de ses fameux trophées, pour que, nez devant, mais plus en l’air, la Creusoise se vautre comme une crêpe de chandeleur.

Un peu honteuse, elle se releva, remercia ce jour dominical pour ne pas avoir été en pleine rue parisienne, au beau milieu d’une vraie foule.

Clopin clopan, la Creusoise, sans talon, brava les regards moqueurs et s’en remit à Pierre pour regagner ses pénates.
Faut-il toujours regarder où l’on met les pieds ? Chuuuutttttttttttt.


Courrier vert pour souliers noirs

Il y a des courriers que l’on reconnaît simplement par l’écriture, d’autres par un parfum, ou encore par le cachet de provenance… et puis il y a ceux qui se distinguent par la couleur.

Le vert
Le courrier vert…

Depuis quelques mois déjà, arrivaient chez la Creusoise, des courriers. Des courriers verts…
La première de ces lettres fut pour elle une véritable surprise : elle avait visiblement un prétendant qui lui proposait un rendez-vous, sans trop lui laisser le choix d’ailleurs.
Mais la Creusoise n’est pas à séduire et ce monsieur peut bien lui écrire, elle n’ira pas à ce rendez-vous…
Elle oublie très vite ce courrier vert, aussi vite que ça.
La Creusoise oublie, mais pas l’inconnu, et, avec une régularité calculée, les courriers verts affluent, racontant à peu près la même chose (quel manque d’originalité quand on y pense) et proposant toujours une rencontre…

Mais quel homme peut bien imaginer qu’il suffit d’un courrier, vert, de plusieurs même, pour obtenir une entrevue avec une femme ?

LUI

C’est ainsi, qu’après des semaines d’hésitations, et sur conseils de son Marie-Claire, la Creusoise se décide, et au 26ème courrier vert, part à la rencontre de cet inconnu qui signe toujours de la même façon, façon froide et glaciale.
Le lieu de rendez-vous est tout aussi réfrigérant, mal adapté pour la Creuse et la Creusoise, et le fameux vert s’étale sur tous les murs.
On la fait patienter, et la patience n’est pas une de ses vertus. Quel goujat, des mois que cet homme la sollicite et le jour J, la fait attendre!
Apres quelques minutes, pour elle un tour de cadran complet, l’inconnu daigne la recevoir.
Sourire en coin, la fait entrer dans une petite pièce, visiblement un bureau, vert.
La Creusoise n’est pas à l’aise, ce rendez-vous est de loin le plus désagréable.
Mais que veut-il bon sang ?
Assise en face de lui, elle lui adresse un regard de mise en garde : la Creusoise n’est pas facile et sa présence ici, dans ce bureau vert, n’est que pour mettre fin à ses courriers intempestifs, à ses sollicitations inutiles et mal venues.
C’est alors que commence une conversation faite de chiffres, de courbes, de calculs, conversation redondante qui échappe très vite à la Creusoise.
Le romantisme des mots utilisés est à l’image de ce lieu de rendez-vous.
Le ton de Brice est de reproches, il ose même lui parler d’un sujet sans doute inconnu pour lui : ses souliers, ses souliers noirs, ses Free-Lance..
Quoi ses souliers noirs ? Quoi elle en avait trop ? Mais de quoi se mêle t- il ?
Aurait il le mot de fin ?

Bien que piquée dans sa fierté, la Creusoise dut cette fois, se taire et admettre qu’une partie de ses souliers noirs appartenait à Brice, cet inconnu envahissant…

Brice Noël Pouillard cessa d’envoyer des courriers verts, mais la creusoise ne cessera pas de porter des souliers noirs…nan. BNP et elle, c’est fini.


alors?

mais qui est Pierre ?